Itinérance

C’était un peu le thème de ce séjour. J’avais bien envie de retourner en Espagne depuis plusieurs années, mais l’occasion manquait et la distance me refroidissait. Du coup quel choix, faire? Refaire les classiques de guara ou voir de nouveaux parcours? Un de peu de tout ça bien sur. Donc si du coup on fait quelques descentes pour notre liste de courses intermédiaire (en tant que stagiaire du DEJEPS, on doit fournir une liste de canyons attestant qu’on a pratiqué durant la formation, ce qui on verra n’est pas bien facile en hiver), qu’on travaille un peu quelques techniques et qu’au passage on découvre un nouveau secteur que je pourrais proposer en encadrement, pourquoi pas?

On est donc respectivement partis de Pierrelatte, Besançon et Puget-thenier avec un point de rendez vous à perpignan, qui sera le véritable départ de l’itinerance.

On a ensuite bougé une à deux heures chaque jour en s’arrêtant faire quelques descentes esthétiques ou en conditions à notre passage.


On s’est arrêté que sur le secteur de la sierra de guara pour son nombre prolifique de parcours. On aurait pu passer plus de temps à chaque pause, mais avec le froid des semaines précédentes qui a perduré le début du séjour, les conditions était … froides.

Que comprendre par froides?: Gelées pour certains parcours, en étiage absolu pour d’autres ce qui en espagne veut dire … sec. C’est aussi pour ça qu’on s’est pas attardé sur certaines descentes pourtant intéressantes, mais en conditions aquatiques.

Voilà maintenant un petit compte rendu de chaque parcours avec un avis personnel.

gourg des annelles

Premier canyon du séjour. La descente est courte mais sympathique, beaucoup de sauts et toboggans dans ce rocher métamorphique. Ce parcours se combine bien avec un autre du secteur. On y a trouvé de l’eau plutôt bonne par rapport à l’autre versant des Pyrénées (bizarre).

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nuria

Dans mes topos la nuria est considérée comme une descente très technique et engagée. Avec beaucoup de mouvements d’eau et des obstacles difficiles à gérer. On y est allé après avoir constaté que les conditions étaient plutôt sèches et on s’est pas trompé, même au contraire. Le barrage captait quasiment tout le débit et on a pas eu trop de soucis de ce coté là. Par contre on a eu pas mal de glace sur les abords. compliquant les accès aux relais et sorties de bassins. On ne connaissait pas les possibilité de toboggan, mais celles ci ont l’air tout bonnement monstrueuse avec des glissades de plus de vingt mètres!!

Cette course vaut le détour, mais à condition d’avoir un débit correct pour pouvoir profiter de la dimension sportive de la gorge.

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forat negre

Jolie parcours ensoleillé qu’on a fait à la place d’escanell. Il s’avère que les conditions était trop désagréables pour ce dernier et on a du chercher une solution de secours soit : un peu d’eau et du soleil.

La gorge n’est pas extraordinaire mais reste très agréable à descendre. Il y a peu de jeux aquatiques, mais pas mal de choses à faire avec les cordes dont une traversée souterraine en rive droite à mi-parcours. Une jolie descente prévisible sur une demi journée, facile à coupler avec escanell si ce dernier est en conditions.

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infern

On se retrouve là avec le premier canyon à ambiance « espagnole » c’est à dire avec un oscuros* digne de ce nom. Dommage que ce soit si court parce que c’est quand même incontournable. une approche originale avec une tyrolienne câblée suivie d’une belle marche d’approche. Un canyon sec mais qui ne démérite pas grâce à une superbe ambiance dans une grande gorge. Surtout lorsque soudain le sol disparaît dans un trou sous nos pied pour passer dans une grotte splendide!!

La fin est néanmoins en eau et oblige à mettre les combinaisons pour de cours passages aquatiques.

Bien noter que les poulies sont obligatoires et de préférences des poulies « acier »

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viu de llevata

Quelle surprise de trouver un des canyons les plus ludiques du coin complètement gelé!! Du coup on a pratiqué de l’ice canyon* sans que ce soit facilement prévisible. En effet on est plus bas en altitude et la température ambiante à l’habillage est de 15°c

On a passé un super moment car les descentes en glace sont toujours magiques. Elles se méritent toujours car engagées et atypiques. La progression se fait délicatement, et quand un trou d’eau se présente, les sauts restent possible mais attention à la sensation piquante.

Alors il n’est pas obligatoire d’avoir une combinaison sèche* pour en profiter, mais avec une néoprène il faut savoir s’y prendre en utilisant les couches nécessaires, ni trop ni pas assez. Il faut savoir aussi adapter ses techniques pour progresser au mieux et avancer vite pour ne pas subir parce que même en combinaison étanche*… au bout d’un moment il fait froid

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cajigar

On quitte la catalogne pour arriver en aragon, on a prévu ce petit parcours un peu excentré pour couper la route et on a bien fait. Peu de difficultés mais un très bel encaissement au milieu d’un paysage désertique. Ce canyon est très intéressant pour occuper une demi-journée à moindre effort ou pour faire la pause sur le trajet entre la catalogne et l’aragon.

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rio d’abizanda

Ce beau canyon très marqué se fait facilement sur la route classique d’accès à la guara depuis la France par le tunnel de Bielsa.

Dommage qu’il manque d’eau courante et sera donc à privilégier une période pluvieuse ou comme nous une fin d’hiver pour ne pas subir la classique eau croupie des bassins stagnants. Ce serait dommage de ne pas profiter de ce magnifique encaissement au blanc marquant pour des vasques croupissantes…

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arbozeral

On a choisi d’enchaîner un des affluents secs du balcez avec les estrechos de ce dernier. Notre choix s’est porté sur arbozeral qui est un des parcours les plus complets.

Le massif de conglomérat du sud de la sierra de guara est assez exceptionnel par ses dimensions et il est courant de faire des descentes relativement longues. Quel atypisme de parcourir ces canyons dans un océan de galets. Surtout aussi surprenant que ça puisse paraitre, le rocher est sain et les encaissements très marqués.

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estrechos de balcez

Longue rivière qui cisaille le massif de conglomérat. L’encaissement est tellement marqué qu’il en devient presque monotone. Pourtant l’eau qui y coule est d’une beauté rare même à l’étiage. Pour peu qu’on ai envie de sauts, les rives s’y prêtent bien. Il ne faut toutefois pas sous estimer la longueur de ce canyon.

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vina

Petit vallon affluent du balcez en rive gauche. Il est couramment utilisé comme itinéraire de remonté si on a garé sa voiture à son départ ou pour accéder à un autre affluent rive droite comme cerriguello. L’encaissement est si fort, qu’on a du mal à progresser et qu’il faut bien observer où le passage est le plus aisé.

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cerriguello

Du coup en descendant les estrechos de balcez, en remontant par vina et en improvisant le franchissement de la butte, on retombe dans cerriguello qui est donc en amont de vina… C’est une histoire de (pou)dingue quoi.

Ce canyon très marqué est très beau mais malheureusement aussi très court. Il ne rentabilise pas forcément l’implication pour y aller comparé aux autres affluents. On y trouve quand même de nombreux sauts dans une eau verte même en période d’étiage. De quoi remonter dedans pour aller profiter du plus beau passage.

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mascun

C’est le canyon le plus emblématique de la sierra de guara, surement le plus beau et le plus complet. Pourtant il faut se placer avec un esprit de randonneur pour en profiter comme il se doit. Une longue mais très belle marche d’approche, beaucoup de marche ensuite dans le canyon et au retour, mais toujours dans un paysage à couper le souffle, sans oublier des passages mythique qui ont beaucoup contribué au développement du canyon. Parce que oui, même si c’est pas ici qu’aura eu lieu la première descente de canyon, c’est bien ce canyon qui aura fait connaitre l’activité. Qui aura suscité des passions, il faut l’aborder avec cet esprit historique et penser aux pionniers qui l’ont remonté avec des échelles télescopiques…

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gorgonchon

Si court et pourtant si intense. Incontournable et pourtant si étroit… On a bien affaire à un des canyons les plus étroits de la sierra de guara et presque d’europe (en suisse notamment) Certains passages sont difficile à progresser et sont couramment évité par le haut. Les techniques d’oppositions doivent être maîtrisées et le débit bien estimé. Comme la plupart des canyons espagnols, leurs accessibilités techniques font oublier que le jeu peut être dangereux. Mais quel plaisir de ramper de coté en prenant soin de mettre son descendeur sur le porte matériel pour pas se coincer…

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formiga

L’amont du parcours précédent est encore un incontournable. Rien de compliqué ici: une approche simple, un parcours sans difficulté mais des jeux à profiter, découvrir, refaire…  Des siphons, des sauts, des grottes cachés, une faune à savoir observer discrètement. Rien d’extraordinaire mais pourtant tous les ingrédients pour se régaler sont là. Sauter dans une eau verte, puis se mettre sur le dos et voir les vautours planer en frôlant les falaises ocres…. quel bonheur.

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palomeras de flumen

On a affaire ici à une belle descente, courte comme bien souvent mais qui occupera une bonne partie d’une journée. Le rio flumen a coupé de gigantesques falaises de grès : le salto de rodan, puis cisaillé le socle en conglomérat pour offrir des « portes » de plusieurs centaines de mètres de haut aux canyonistes curieux. Le gros débit perpétuel du vallon saura ravir les adeptes d’eau vive en donnant une touche rafraîchissante. Il faudra se méfier de l’eau qui ici prend de la force et offre un parcours plus engagé qu’il n’y parait, ce qui nous a ravi à vrai dire!! Les approches et retour sont par contre moins idylliques en se frayant un chemin dans les épineux…

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gorgol

Que c’est court!!! C’est dommage parce qu’on est dans un bel endroit, un peu gâché néanmoins par les mains courante en chaîne qui dénature à mon gout le site. L’arrêt est agréable sur la route pour rentrer en France. rafraîchissant et ludique à souhait. Mais je le répète le mains courante à demeure c’est pas très beau, mais en chaîne c’est ignoble!!

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A savoir

Quelques infos en vrac: le carburant coûte 10 centimes en moyenne de moins que chez nous, la nourriture aussi. intéressant donc pour la gestion d’un budget.

Le bivouac semble être interdit en catalogne mais en cherchant un peu et en étant discret et respectueux, on trouve de bons endroits pour se poser la plupart du temps.

En aragon il semble que ce soit plus toléré, sauf qu’il faut bien sur éviter le parc national pour planter sa tente ou garer son camion.

On a logé plusieurs jours au refuge d’Alquezar. Des tarifs très corrects, une nourriture de qualité, un accueil chaleureux. On a pu faire sécher notre matos tous les soirs, profiter de la salle d’escalade, utiliser le wifi… une bonne adresse.

Pour les déplacements, il faut compter environ 50km/h de moyenne (statistiques GPS sur la semaine), à prendre en compte pour aller d’un site à l’autre.

Andorre n’est plus un si bon plan pour acheter des appareils photos.

Les espagnols sont agréables, mais parlent ni français, ni anglais d’ailleurs… Mais bon on se comprend toujours.

Il y a un magasin de montagne sur la route entre Alquezar et Bierge, on y trouve de tout et même plus: Topos, cartes, matériel, fringues, nourriture…

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lexique:

oscuros: Partie d’un canyon tellement marqué que le soleil ne parvient plus à éclairer le fond, on progresse donc dans l’obscurité plus ou moins totale. C’est un mot espagnol qui est utilisé dans le langage canyonistique courant.

estrechos: Mot espagnol aussi qui caractérise un endroit très étroit où on touche les deux rives sans problèmes avec les mains, voir qui peut même être délicat en progression et nécessite de passer de profil voir en opposition là où le rocher laisse un passage.

ice canyon: Terme de plus en plus à la mode qui caractérise la pratique hivernale du canyonisme. La progression se fait avec plus ou moins de glace ce qui rend l’activité plus complexe mais aussi vraiment belle. On peut pratiquer avec des bassins remplis d’eau, ou au contraire être complètement au sec, avec toutes les nuances entre. Se rapproche du canyon glaciaire dans l’esprit sachant que pour ce dernier, la notion de froid est obligatoire pour rendre la descente possible. Dans le sud-est de la France, on est limité par les arrêtés préfectoraux qui empêchent de s’adonner à la pratique aquatique. Le canyon hivernal consiste donc à parcourir les canyons secs.

barranquo: ça veut dire ravin en espagnol 😀

combinaison sèche ou étanche : innovation technique venant de la voile et la plongée qui commence à s’étendre en canyon. On n’utilise plus de combinaison néoprène pour se protéger du froid, mais une combinaison étanche sous laquelle on garde nos vêtements secs. On gagne de la mobilité, le confort est augmenté et la protection au froid dépend simplement des vêtements qu’on aura mis dessous. Un test à lire: cliquez ici

retour d’expérience combinaison sèche. suite du test

Voilà donc une bonne vingtaine de canyons pratiqués en combinaison sèche. Les premières traces d’usures apparaissent et je cerne bien la façon de l’utiliser.

Que mettre dessous? J’utilise un thermolactil de chez Damart en tee-shirt de peau, ensuite je met un babygros de spéléologie de chez aventure verticale et enfin une polaire zippé pour le haut. La gestion de la température est bonne avec ces vêtements, peu de transpiration en marche, pas de froid en attente. En chaussette j’utilise de simple chaussettes quechua montante pour protéger les chaussettes latex de mes ongles de pied.

Quoi d’autre? Je met des chaussons neufs quechua 4mm par dessus les chaussettes latex. le chausson joue peu thermiquement et il est certainement plus valable de mettre des chaussettes eppaisses dessous et des chaussons très fin dessus pour protéger. Il vaut mieux donc avoir des chaussures un peu plus grandes.

Entretien? Je graisse les fermetures éclairs avant chaque remisage ou en utilisation intensive tous les 3 à 4 jours. Sinon rien à part la laisser secher à l’ombre.

entrée d’eau?  Très légères au niveau des poignets et du cou, je ne les remarque qu’après avoir fini le canyon bien souvent en me déshabillant. le bout des manches est souvent légèrement humide. Par contre il y a souvent une humidité résiduelle généralisée venant soit de la transpiration soit de la porosité du matériaux, à définir mais négligeable même après des immersions prolongées dans l’eau et une température négative de l’air. La seule véritable entrée d’eau s’est passé en vidant l’air pour mieux plonger avant un siphon, l’air s’est vite fait remplacer par un verre d’eau!! Erreur humaine donc.

Avantages? Le poids!! rester sec à l’habillage et ne pas se geler au déshabillage d’où une économie de fatigue réelle!! La vitesse d’habillage.

inconvénients? Les chaussettes latex qui, pour les économiser me motivent à enlever la combi pour les marches de retour et donc à enlever mes chaussettes sèches pour remettre les chaussons mouillés. Idem le matin pour les approches qui se font en chaussons pour pas mouiller les chaussettes. La flottabilité qui empêche d’aller chercher les mousquetons au fond des vasques.

Usure? Le tissu pourtant bien solide a un peu morflé dans les longues oppositions des estrechos espagnols. Rien de bien grave mais une intervention avec de la seamgrip, ou avec une pièces collante est nécessaire au niveau de l’extérieur d’un genou. Il reste suffisamment de matière pour garder l’étanchéité. A surveiller aussi les avants bras même si il n’y a pas d’usure, ils ont été tout le temps sollicité et n’ont pas de renfort. Je suis impressionné par la résistance du matériaux.  Le manchon du cou et les chaussettes latex se sont légèrement craquelés avec le froid cet hiver lors du stockage, j’avais peur qu’ils rompent à l’enfilage mais ils n’ont pas bougé après une semaine complète. Il existe des kit de réparation que je vais me procurer d’avance.

Globalement? Super satisfait, très utile en utilisation hivernale, conseillable l’été sur les parcours froid ou pour porter moins lourd dans les longues approches.

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  1. Belle itinérance et que de superbe photos bravo à vous.

  2. […] pas se refroidir dans les embruns, la liberté de mouvement… Les mêmes atouts que vu lors du précédent article, mais en […]

  3. […] De retour en Catalogne pour de vrais vacances. Cette fois la thématique est recherche de la chaleur et découvrir de nouveaux endroits. Contrairement au dernier road-trip catalan « croixnyonisme » […]

  4. […] dis compliqué, je n’ai jamais rencontré ça ici en Europe. Imaginez un encaissement comme Gorgonchon mais sans aucun équipement. Imaginez ce même encaissement de la longueur de Raton (et un peu la […]

Répondre à Choprock [trip et topo] 48 heures into the wash (suite) | Canyons d'ici et d'ailleurs Annuler la réponse.

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