l’an dernier un sujet avait ouvert sur descente-canyon.com concernant un des canyons les plus extrèmes d’europe, le trümmelbach. situé sous des glaciers gigantesques, posés eux même sur des sommets mythiques de plus de 4000m, cette entaille calcaire aurait un débit monstreux de plusieurs mètres cube/secondes l’été et aurait été passé par une équipe. le niveau du canyon est encore monté avec cete course et on a très peu de recul dessus. pascal van duin et stephane coté sont allés successivement voir le monstre et les avis qui en sont ressortis étaient assez flippant, gros débit ou glace, c’est au choix (voir les deux) équipement dévasté par les crues titanesques du printemps (le canyon draine 20 tonnes de gravats et d’arbres mort par an), partie souterraine, cheminement très complexe, bref un monstre très rarement réalisable ou le risque est réel. avec mon binome jerem on zieuttait dessus sans trop y croire, on a beau avoir 20 ans de pratiques dans les pattes (on a tous les deux commencés à 6 ans et fait entre 200 descentes pour lui et bientôt 500 pour moi), ça ne fait que deux ans qu’on a passé la vitesse supèrieure concernant le débit et l’engagement. avec des courses classiques comme le riolan ou la maglia dans des conditions d’apocalypses, on avait réussi à trouver la meije « fade » alors que cette descente est déjà aux portes de l’extrème.
mais en septembre lors d’un coup de froid marquant, evan, un autre forumiste de DC a posté des photos prisent des passerelles et… ça semble passer. la prise de contact est vite faites, reste plus qu’à attendre le moment d’aller voir.
c’est donc pour ce fameux pont du 11 novembre qu’on est monté. bien dans le doute, sur la france ça fait 15 jours qu’il pleut et tout est grosse crue, la suisse n’a pas été épargné non plus, des pluies plus ou moins fortes traversant le pays depuis bientôt 3 semaines, mais aussi beaucoup de neige. saas fee ouvre, verbier aussi, et sur les pentes de la jungfrau, la neige s’accumule déjà. et qui dit neige dis… moins d’eau. on tente le coup.
bon il faut avouer que du pont de départ ça engage un peu, c’est un véritable torrent qui s’engouffre dans la première goulotte, autant d’eau que dans la meije, un poil moins que les autres monstres glaciaires de l’oisans mais vu la configuration expliqué par caracal, ça va être chaud!! on se rassure comme on peut, evan est costaud, experimenté en eau vive (ancien kayakiste extrème) et nous on est déjà allé chercher la merde dans bien plus que ça, pourquoi ça ne passerait pas?
aller c’est parti et en retirant la corde du pont j’ai un gros pincement au coeur qui se transformera bien vite en cette sensation bizzare de se sentir bien, comme galvanisé par le bruit et l’energie qui passent entre ces murs… le doute est parti, de toutes façons maintenant faurt avancer!!!
très vite un petit saut s’offre à nous, juste histoire de bien faire rentrer l’eau dans la combi, et oui, j’ai pas précisé ce détail, l’eau est à 3°c
comme souvent la prudence est de mise surtout sur les petits obstacles qui sont souvent les plus piégeux comme ce drossage assez violent géré sans problème par evan (même si il a failli perdre son sac dedans.)
sur cette cascade (n° 4 la C10 dans le topo de stef) on prend bien conscience de la puissance du débit, une descente en opposition au ras de l’eau me permettra d’aller vérifier le fond pour mes équipiers, pour eux ça passera en saut, mais le pire n’est pas la puissance de l’eau, c’est les troncs coincés qui sont cachés par l’eau.
à la sortie du premier étroit on a la patate, tout se passe bien, et en plus c’est magnifique!!!
le seul passage aéré de la descente ne dure pas bien longtemps mais donne une idée de la puissance mise en jeu dans ce vallon l’été avec des arbres déchiquetés comme des simples allumettes.
la gorge se réencaisse et les ammarrages deviennent complexes à aller chercher, mais bien protégé ils n’ont pas bougés et aucun n’a été arraché par les crues, sauf un qui se retrouve à 4 mètres de haut suite à un changement de hauteur de cascade.
ici se situe un passage très complexe ou pas… il y a moyen de descendre dans l’actif pour aller chercher le point rive droite du deversoir ou de passer par le lit fossile en galérant. si un endroit peut être rééquipé c’est ici en donnant une ligne plus directe à la grande C50
on devine bien un des dangers de trummelbach, ce sont ces troncs cachés par l’eau et pourtant bien présent.
ici le passage est super impréssionant, l’eau se jète dans une goulotte dont on ne voit pas le bas et le topo annonce ça comme une C48 avec un geiser bouché!! mmm beau programme mais après une douche dans les règles on se retrouve à coté de la veine d’eau pour rejoindre un relais bien caché, histoire de se poser un peu avant la suite
le fameux geiser passe bien en fait, l’eau est très rapide et d’une puissance que la photo ne laisse pas présumer, l’exercice de style est inutile mais c’est un clin d’oeil au fameux canon de freissinière!!
le jet tape la falaise d’en face pour revenir remplir d’embruns le couloir situé dessous. et des cataractes pesantes comme des rideaux de cristal, se suspendaient, éblouissantes à des murailles de métal cette phrase de baudelaire écrite en bas du canyon et sur le topo de caracal prend ici toute sa valeur. cet homme là avait déjà peut être vu le trummelbach, qui sait??
on quitte le lit fossile pour rentrer dans l’oscuros, terme espagnol facile à traduire et qui prend ici tout son sens. on se retrouve quelques (gros) mètres en dessous la photo de la veille et ici le soleil n’est plus. il ne reste que le bruit, la roche et l’eau.
la dimension sombre donne une ambiance encore plus extraordinaire, on est ici au paroxisme du plaisir, de l’agoisse, bienvenu dans les entrailles de l’enfer
ambiance trummelbach
ambiance…
ambiance
on devine enfin les passerelles, la fin semble proche mais il n’en est rien, la progression va devenir la plus complexe de la descente maintenant, on va quitter la nuit pour le jour mais les étroits vont perdre quelques centimètres et rendre les cheminements vraiment impressionnants. mais par contre la proximité des passerelles rassure, il y a souvent moyen de grimper dessus voir de grapiner si elles sont trop hautes.
on arrive à la fameuse cascade visible sur toutes les photos. okay elle n’a pas sa superbe estivale, mais pour nous ça nous suffit largement. surtout qu’avec le point placé un peu en retrait, la mise en place longé de la corde ne se fait pas au mieux, loin de là!! ce qui m’a vallu une bonne frayeur au moment de me détacher quand jerem s’est appuyé sur moi, non c’est pas moi qui suis tombé (m’en fout j’étais attaché) mais mon sac (qui ne l’était pas encore à 5 secondes prêt…) une descente express et une récupération en galère, ouf on a évité une connerie mais dans un environnement comme ça une petite inattention peut avoir des conséquences graves. ça va il y en a pas eu d’autres!!!
vacarmes et embruns, on s’est fait nettoyer les sinus là dedans!!
plus bas se situe les cascades les plus complexes. des étroits très variables avec des rigoles profondes ou l’eau s’engouffre avant de ressortir à pleine puissance occupant la place. la gestion des trajectoires est complexe mais c’est grisant de devoir descendre en reflechissant un peu, c’est pas les écouges ou aller dans l’eau est une mission!!!
jeremy dans la cascades la plus complexe, ça part à plat dans un remou suspendu derrière un tronc, pour acceder difficilement à deux points en relais/fractionnement/déviation galère pour permettre de rappeler la corde. les difficultés sont presques finis
je suis resté un moment à attendre sur ce point sans voir mes équipiers, je me demandait bien ce qu’ils faisaient, en fait ils galéraient sur cette déviation…
ça vallait le coup d’attendre, c’était sacrément beau encore.
le débit semble ridicule comparés aux photos du net. pourtant c’est déjà bien sport.
et là au détour d’un rocher, une maison, un près, on a finit!! ça y est on a fait trummelbach!!!
la photo souvenir avec jerem et evan, merci les copains c’était extra!!!
juste bravo a tous les trois
ze t’aime mon ange
magique …
plus qu’un simple canyon, une experience …
puree je viens de finir de lire ton recit …. je suis scotché !! bravo a vous !!
raaaaaaaaaaaaaaa,gggggggggggjiuiiiiiiiiiiiibluuuuuuuuuuuuu, Trummelbach sglruiru
Félicitations pour cette descente impressionnant et pour le récit qui donne des frissons !
Super canyon, super recit, debit fort, c’est pas une promenade, c’est LE CANYON !!!
Bravo! Ca me donne envie de le refaire !!!!
Bravo à vous. De belles photos et un récit pittoresque. Je crois que la saison commence enfin…;-)
ça tabasse comme descente faut que j’aille voir ça
Magnifique récit. Très beau parcours que je préfère vivre au travers des images assis derrière mon ordi. Trop physique, trop froid, trop engagé. A chacun son niveau. C’est le vôtre.
total respect.
j’ai descendu Trümmelbach ce dimanche 16 novembre avec un couple d’amis « dingues de canyon », nous avions un peu moins d’eau que vous ( 120 à 150 litres) le debit idéal pour l’esthétique de la course en conservant sa dimension exceptionnelle…. ambiance,engagement,technique,débit,un très GRAND canyon!
Cette descente est à réserver à des équipes bien rodées car ce joyau recèle quelques pièges (troncs sous cascades),et en ces lieux, attention aux erreures…
Une expérience forte qui vous en met plein les yeux!
Bravo, pour ton récit et tes photos, et biensur pour votre descente. peut être à bientôt pour un autre Trümmelbach
? Sam
Super Sam que vous ayez aimé ! Avez vous fait des photos 🙂
Par hasard avez vous laissé de l’équipement !
P*****!!!!! c’est vraiment du très grand canyon. Bravo!
J’espère qu’après cette fin de saison très adrénalienne, vous aurez encore du plaisir à faire des canyons « normaux »!mm
ça m attriste : je connais bien ce merveilleux endroit .Le mot qui me vient c’est »profanation »
roger
Je l’ai visité cet été comme simple touriste. Votre descente et vos photos complètent les images que j’ai vues.
Magnifique façon de faire partager vos sensations et vos photos. Bravo.
[…] J’ai beau être confiant sur la difficulté des canyons après avoir fait Gamchi, Gries, Trummel, Lutchine, Flem et autres descente glaciaires. Sur la longueur après avoir expédié la Bendola en […]
[…] efforts auront été suffisant ou pas. Ça me rappelle ma première compétition de boardercross, la descente du Trummelbach, mon premier vrai couloir à ski, ma première belle ouverture en Albanie. Puis viens […]