La collante est le terme utilisé par les grimpeurs quand il fait froid et que le rocher a sa plus grande adhérence. Mais dans ce cas là, on est en ski et c’est la chaleur qui cause la collante. A notre plus grand regret.
Pourtant après la sortie de la veille, on s’est levé enthousiastes et pleins d’entrain quoiqu’un peu fatigués pour aller déflorer cette face nord toute blanche. Le début est un portage dans les alpages qui a le don de faire râler certains non rompus à cet exercice. On atteint la neige et on se dit que ça sera mieux maintenant sur les skis.
Plus loin, les peaux imbibés d’eau et pensant donc un âne mort (tout petit okay, un lièvre plutôt) on pense que ça ira mieux en montant parce que là la neige est franchement mauvaise.

En arrière plan la face sud de la Kabarjina et un splendide dyke volcanique en son centre.
En montant dans ce vallon tout rigolo, on se dit que la neige va finir par durcir et ça ira mieux plus loin. Parce que c’est toujours aussi collant.
plus loin la neige est toujours aussi collante, mais cette fois il y a du vent, on se dit que la descente sera pourrie elle aussi, mais que la vue sera belle en haut. De toutes façons si on s’arrête, ça botte, donc on avance.
plus haut, le vent est froid, il fait de grosse rafale, la neige est un peu moins collante, mais on ne se dit plus que ça ira mieux plus loin. On avance.
Arrivé sur la crête, les peaux sont toujours aussi imbibés, les skis pèsent lourd, le vent est froid, par rafale, il y a des nuages, on a faim, c’est saoulé qu’on dépeautte pour redescendre. François et Morgan continuent.
Option 1 : ça colle, Julie manque de se tordre un genou avec un ski qui a stoppé net. Moi ce sera le coude avec le même type de stop imprévisible… La descente n’est même pas bonne.
Option 2 : après une demi-heure de montée et une plaque à vent inquiétante, 50 mètre sous le sommet, Morgan et François redescendent, sont gratifiés de 100 mètres de bonne neige puis même sanction collante.
Bref on retourne à la voiture, baladons l’après midi vers Juta et retour à la chambre d’hôte.
On peut pas gagner à tous les coups, c’était beau de loin mais loin d’être bon.
Dénivelé effectué 1190 mètres, prévu 1250
altitude max 2969, prévu 3140
Difficulté ski 3.1 sous le sommet, 2.2 dans notre cas

Le local qui connait Rabelais, Jeanne d’Arc et Napoléon. Pas sur qu’un gamin chez nous sache qui sont ces personnages.