Et hop première cascade de l’hiver 2014. Tous le monde était septique quand à la formation de ces éphémères structures en ce mois de décembre plutôt doux, mais je connais bien ma vallée et c’est dans le vallon du Bourdoux que j’ai jeté mon dévolu. On pensait faire deux cordées mais en fin de compte je me retrouve en tête à tête avec Kevin, venu dans la soirée de la Ciotat pour tester l’activité. La piste se monte sans aucun problèmes, on se gare à coté de la barrière et on continu à pied histoire d’aller voir ce qui est faisable.
Tous les cascade de ce secteur sont formées, mais seule la cascade du Brec demande encore quelques semaines avant d’être grimpable. Pour le reste ça ne pose pas de soucis. C’est sur que durant l’hiver les structures vont gonfler mais à la moindre chute de neige, il faudra deux heures pour accéder!!
Dans l’ordre on trouve donc la petite morière, vade raidos chacalas, le brec, les voyages de simbad. Le ravin de trente souche semble pouvoir aussi se remonter en ruisseling.
On part dans la petite morière, on remonte le goulet et on butte sous la première longueur de 8/10 mètres facile. Je pars en tête mais très vite je capte que c’est pas si facile que ça. La glace est très très dure, les piolets font des assiettes et les crampons rebondissent!! Mon équipier se prendra un premier plomb en second!!
Seconde longueur ça monte en écharpe vers la droite en passant dans de gros choux fleurs, j’ai pas beaucoup de sensations, ça semble tout facile mais j’ai vraiment pas confiance dans mes ancrages de pieds, moi qui pensait mettre 4 broches, j’en passe 10!! Pas le moral… Je cherche un relais rocher « logique » mais rien à part un piton tout isolé, retour sur la glace et relais inconfortable avec les deux broches restantes. Ça commence fort cette année!! Kevin suit et se met en mode « terreur absolue », avec la sensation que ses crampons ne tiennent rien, ça lui vaudra quand même une seconde chute. De quoi le finir niveau moral… Pas top comme initiation 😦
Troisième longueur, je repars en tête, le moral revient en même temps que les sensations. La longueur part en écharpe vers la gauche cette fois avec une sortie assez aérienne qui passe au dessus des deux premières longueurs. Le moral est revenu, mais la glace reste difficile, les pieds ancrent mal et à chaque frappe de piolet, c’est assiette assurée. Je rejoins un relais rocher sur trois pitons au bout de 40 mètres environ en pensant que mon équipier va se régaler à crocheter mes frappes en second. Malheureusement il est toujours mal et ne suit pas mon passage, il refait ses frappes à chaque fois et s’épuise. Juste avant le réta final, il ne repère pas les marches de pieds que j’ai taillé et chute une troisième fois avec un cri terrifiant 😦 Je suis un peu dégoutté de l’avoir fourré là dedans. La température est devenu douce, mais la glace n’est à aucun moment devenue agréable. Il regarde quand même la longueur suivante; une superbe goulotte; et décide de continuer pour finir.
Kev faussement détendu à la fin des hostilités
Vue depuis le relais piton. On aura vu le soleil… Juste vu
Quatrième longueur, je pars dans la goulotte en pensant randonner mais que nenni!! la glace est toujours aussi dure et dans du 2 je suis obligé de me concentrer sur chaque frappe et à protéger fréquemment. La conséquence est que les mollets brûlent. L’eau se met à ruisseler sur la glace en fin de longueur, permettant de se souvenir de ce qu’est « du sorbet ». Je fais tirer la longueur sur 50 mètres, seul les 20 derniers sont en bonne glace. Kev me suit, il flippe moins, il ne tombe pas mais il confirme les mollets douloureux!!
Du coup on part à corde tendue dans le ruisseling qui fait suite, avant de faire la pause rangement avant les rappels.
Les rappels… Parlons en. Pour la descente, on est remonté rive gauche jusqu’à un bout de forêt puis descendu quelques mètres dans des mélèzes avant de faire le premier rappel de 40m jusqu’au relais sur piton. Delà on pensait tirer jusqu’au sol mais avec un rappel de 50 mètre ça passe pas, du coup on a tiré à fond en rive droite (ne pas se la coller, ne pas se la coller, ne pas se la coller) jusqu’à une ravine et de là au fond du vallon. Il semble qu’un piton isolé était présent, mais vu qu’on pouvait se passer de construire un second relais… On a tracé.
Le topo que j’avais :
- Cascade du Bourdoux I (ravin du Brec) : Le bas est un ruisseau gelé avec de petits murs. La cascade elle même présente trois longueurs dont les deux premières comportent des traversées en diagonales
- Accès:
d’Entraunes (1262m), prendre une route carrossable à l’Est qui rejoint, par le bois, le vallon de la petite Morière, et continuer jusqu’à la barrière. Parking (1630m, 5km). Suivre la piste d’où on aperçoit les cascades au sortir de la forêt. Remonter le ruisseau gelé jusqu’à une plateforme où on laisse les sacs (1750m, 30mn du parking).
- Difficulté: III.4- 120m. L1: 75 avec passages un peu malcommodes 80/85 d’abord droit à gauche, puis traversée en diagonale à droite sur une rampe. Relais équipé sur arbre rive gauche (variante: continuer tout droite dans le stalactite, 10m à 90, relais sur broches), par bonnes conditions il doit être possible de passer à gauche (relais équipé). L2: 70/75, en diagonale à gauche, relais équipé rive droite dans les rochers (spit + piton). L3: deux goulottes de 10m 65/70. Relais sur un arbre.
- Descente: rappels équipés, par les relais de montée.
Correction :
L0 : longueur courte avant sans gros intérêt, relais sur grande sangle autour d’un gros bloc en rive droite
L1 : Malcommode… c’est le mot. Pour le relais, l’arbre n’est plus, enfin si, mais une avalanche l’a arraché, il tient par une racine.
L2 : ok
L3 : la goulotte fait plutôt 40 mètres, relais à contruire dans le ressaut suivant
Rappel : suivre notre itinéraire ou construire des relais sur abalakoff. Du relais sur piton au bas, il y a plus de 50m (60-65?)
Difficulté III.4+/5 selon conditions
Génial! De la glace dans le haut var, j’adore.
[…] Le Bourdoux c’est une vallée affluente du Var qui conflue à Entraunes juste en face le Chaudan et pas loin de certaines aventures hivernales. […]