ou demiheure khola en clin d’œil à l’ouverture de chamjé 😉 et à la réponse à la question « il reste encore combien de temps? » ; réponse non devinable en ouverture mais mainte fois posé durant la longue journée au point d’en devenir un jeu.
Pas mal de similitude avec l’ouverture népalaise et la notre, sauf que nous c’est moins beau, moins long et ça parpine beaucoup plus. On a marché des heures, on a franchi un col enneigé, fait porter notre matos aux nanas (euhhh pardon sherpa), marché dans une pente raide et glissante, fait des rappels dans l’inconnu jusque tard dans la nuit, épuisé toutes nos provisions (c’est lyrique, car il restait un saucisson et des bananes séchées, du rhum arrangé et du bon fromton). Mais par contre on a pas contourné les cascades par les rives, ni fait de bivouac improvisé.
Alors note au lecteur de cet article : Ce billet est d’ordre informatif afin d’éviter une répétition dangereuse et non pour envoyer les canyonistes au casse-pipe. En d’autre termes, compte rendu de sortie avec toutes les raisons pour ne pas y aller!! On est venu, on a vu, on reviendra plus!! Il y a bien d’autres trucs plus cool à faire que de se prendre un bloc sur la tête!!
C’est con de déconseiller cette descente parce qu’on a passé une bonne journée et on a trouvé ça jolie. J’aimerais bien envoyer les copains dedans pour répétition, mais non, c’est dangereux, c’est tout.
Ce vallon a été repéré par Pilou qui malheureusement nous a quitté entre temps. Il en avait parlé à Boustourou de manière très précise mais le projet a été mis de coté suite à la disparition de notre ami. En prospectant un autre vallon, j’ai vu l’encaissement aux jumelles ainsi que plusieurs cascades, j’en ai parlé à Boustou qui m’a confirmé les infos concordantes que j’avais, le projet réapparaissait. Pour la suite ça s’est improvisé au dernier moment avec Pierre et Xavier, les anciens équipiers de Roland et les filles Audrey et France. Rendez vous 8h30 ce samedi 1 mars à Massoins.
Le temps est bâché, il a neigé sur les hauteurs cette nuit, la motivation est proche de l’inexistant ce matin. Pourtant au bout d’une heure de marche on crève la mer de nuages et le soleil réchauffe autant le moral que le physique. La neige fait son apparition et comme toujours, magnifie le paysage. On est pas pour autant au sommet et arrivé sur la ligne de crête, la neige rend la progression épuisante.
Trois heures après notre départ du parking on arrive au départ de l’impluvium végétalisé qui mène au vallon. Petit picnic, l’heure a bien tourné, on met les combinaisons alors que ça ne ressemble encore à rien, mais il y a la neige et on sera mieux comme ça. L’impluvium n’est guère plaisant à parcourir avec des buis serrés et de la neige, on tombe souvent, on s’épuise mais je pense encore que la suite sera plus facile.
Dans ce mur de buis un talweg commence à se dessiner et mène rapidement à une première cascade arbustive et aux rochers instables. On prend le temps de purger et tailler un passage. Pareil pour la suivante mais sans buissons celle là. Encore deux cascades moches et le paysage change. Le vide se creuse au niveau d’un encaissement et l’ambiance devient minérale. Malheureusement un éboulis instable (euphémisme?) mène au seuil du premier ressaut. A son pied l’éboulis reprend rendant l’accès à la cascade suivante bien délicat. C’est après une grosse purge que Pierrot s’approche du vide et nous informe que c’est moins impressionnant qu’imaginé quelques mètres avant. Il faut dire que les perspectives sont assez fuyantes sur une grosse centaine de mètres et les échos des blocs étaient flippant. Pierre choisi de zapper un relais possible pour que je le débraye jusqu’à une vire confortable et protégée. A son pied l’éboulis reprend et déverse dans une goulotte d’une vingtaine de mètres. Tout ce passage minéral est particulièrement instable, dommage car c’est esthétique en formant une gigantesque goulotte.
l’impluvium
Le souci… L’éboulis mouvant en haut de chaque cascade!!
Au pied on retrouve des buis serrés et de l’eau qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin. Quelques petites cascades de tufs et l’ambiance se recreuse, on arrive au second cassé visible de la route. On enchaîne une C15, un plan incliné de 10m avec une petite vasque suspendue qui déverse dans un toboggan de 20m où l’eau s’envole d’une bonne quarantaine de mètres dans un superbe cirque. La descente en rappel est grisante!! Malheureusement la nuit tombe et on accélère le rythme, on a que trois frontales pour cinq dont deux avec une autonomie réduite.
L’ambiance du canyon change de nouveau, on vient d’atteindre les marnes et il ne reste plus beaucoup de dénivelé. De la route on devinait une ou deux cascades aux jumelles, on les retrouvera bien dans le noir ainsi que quelques autres séparées de marches en rivière et désescalades sur un rocher adhérent. On atteint une passerelle mais le chemin part à l’opposé de nos véhicules. Au dessous un encaissement débute, qui s’enfonce encore un peu plus dans l’inconnu. J’ai ressenti une sensation étrange à ce moment. Partagé entre l’inquiétude de s’engager dans un nouvel encaissement dans une nuit déjà avancée ou de tenter de s’échapper par les rives sur d’hypothétiques traces. On suivra l’eau, et la griserie de continuer, surtout qu’en étant rationnel on savait qu’on arriverait à la route à moment donné, il ne faut juste pas louper le pont routier en éclairant nos pieds!!
dernier rayon de soleil sur le mont vial!!
arrivé au village à 20h30 après 9 heures de canyon et 3 heures d’approche!!
Il est 20h passé quand on voit enfin le pont dans le faisceau de la scurion de Xav, encore une peu de marche sur la route. Il fait bon, difficile d’imaginer que 24 heures avant il neigeait. On est bien entamé mais c’est marrant de voir qu’on s’est tous régalé. L’affaire se finira dans un petit restau du coin où le serveur nous regardera avec de gros yeux quand on lui commandera tous des cotes de bœufs et des bières en mode mort de faim!!
Je déconseille fortement les répétitions de ce parcours pour les raisons expliqués plus haut. Cependant je sais que d’autres canyonistes sont déjà en train de repérer les affluents, affaire à suivre, surtout si ça shunte la partie instable.
Belle aventure ! Moi j’etais au urgences à lenval c’est presque le meme recit mais en plus dangereu !
Il est bien vivant ton récit! Tu as bien fait d’écrire cette mise en garde de la dangerosité du parcours !