J’en avais beaucoup entendu parler… En effet Lovettecannas est la grotte la plus profonde de Sardaigne et grande particularité, il n’y a pas besoin de cordes pour la parcourir. Les photos qu’on avait vu était encourageantes, toutes les raisons pour y aller. Cependant j’ai eu beau lire et relire la description en italien, l’écriture romancée ne m’a pas bien aidé. C’est dommage parce qu’un vieil article était paru dans spélunca décrivant bien la cavité… en français, mais je n’avais pas pris le temps de le lire!! Si on avait su ce qui nous attendait, on serait très certainement parti sur un autre objectif!!
Ce qu’on a fait
Parti de bon matin la frontale entre les dents avec deux kits bien remplis de nourriture, eau, batteries de rechanges, nous avions pour but le « bouquet final ». On suit les balisages absolument indispensables et parfaitement placés dans cette cavité qui se déroule dans une trémie géante.
On progresse assez vite et on arrive en 1h30 à la belle salle des vas-nu-pieds. Le départ ne nous avait pas enthousiasmé, l’aspect trémie n’étant pas notre vision préférée des cavités, nous espérions trouver mieux plus loin. Je vais à la salle du bouquet final mais trouve ça bien banal depuis les gradins d’accès. On décide de la suite, et on envisage de continuer n’ayant pas vu certaines photos de cristaux incroyables certainement au fond. On progresse dans la suite de la trémie, rejoignons la salle della faglia, celle di fiori del male, le camino trémie piano avec ses blocs instables entourés de rubalises. Depuis la surface, excepté dans les grandes salles nous n’avons progressé que dans de la trémie infâme heureusement bien balisée et souvent élargie. Les explorateurs ont eu un sacré courage de bosser dans cette ambiance.
Trémie un jour, trémie toujours.
On passe les shunts des siphon 1 puis 2, 3, une intersection nous propose une diaclase remontante étroite entre deux blocs ou une descente en suivant un fil d’ariane entre d’autres blocs. On réalise qu’on est en train de franchir les siphons 4 et 5 qui sont vides. Si ils ont été plongé, je tire mon chapeau au plongeur!! quel courage!! La progression est éprouvante, déplaisante. A la vue de la topo on ose plus faire demi-tour en ayant autant avancé. Arrivé dans une galerie très basse au sol de gours, on capte qu’on est à vaschecatz.
Dernier coup de courage, on est dans la salle du salone cincin. La rivière a changé d’aspect, on a traversé la trémie!! On pose les kits en décidant d’un prochain demi-tour. On progresse vite dans la rivière confortable, arrivons à la salle du white granit, entrons dans la galleria dei gioielli gelati mais décidons de faire demi-tour devant une nouvelle immersion dans cette galerie au plafond bas. On fait quelques photos, tombons sur un nid de perles des cavernes. Puis on attaque la longue remontée à un rythme bien moins soutenu.
A partir du toboggour, on réalise que la cavité est en réalité bien belle et très concrétionnée, que les cristaux sont dans des recoins de la grande salle, que la cavité est surtout bien plus belle vu du bas que du haut!! On fait quelques détours dans les grandes salles puis sortons de la trémie d’entrée bien rincés. On est resté « que 12 heures » mais la progression en trémie nous a déboîté. On regrette notre explo et savons que nous allons payer cher physiquement.
Petit résumé de Karsto
Comme sa voisine Su clovu, Lovettecannas est creusée par une rivière active issue d’une perte de poljé. Cependant dans Lovettecannas les sédiments ont été nettement plus érodés créant de probables gigantesques salles qui se sont effondrés sur elles même laissant juste des passages en trémie. Les salles du milieu étant encore « stables » elles montrent les volumes que la cavité a pu avoir.
Au niveau du salone cincin on retrouve un profil plus plat et des volumes plus réduits. Les galeries ont donc des formes de conduites plus conventionnelles.
Cette grotte intéresse au plus au point les spéléos car elle a un potentiel hydrologique de 1000 mètres, l’eau allant tranquillement vers la mer avec un pendage constant, il est probable que la cavité continue un moment comme telle. Voir rejoigne les rivières de murgulavo, su canale, su clovu en un collecteur commun. Je suis impressionné de la ténacité des explorateurs parce que les conditions d’explo sont très dures et la progression rarement plaisante. Bravo à eux.
Lovettecannas fait partie des pertes de poljé situé à l’est et convergeant vers une résurgence sous marine.
Ce qu’on conseille de faire
Je n’avais lu qu’un seul compte rendu de sortie et il était assez dur de comprendre quoi faire dans cette cavité. Pour une visite spéléo-touristique, je conseille de ne rester que dans les grandes salles. Suivre la rubalise indispensable et parfaitement disposée jusqu’à une première grande salle, ne pas trop s’y arrêter mais franchir l’étroiture du 15 août (vous devinerez facilement pourquoi un tel nom!!) et pénétrer dans une seconde salle.
A partir de là progresser un peu puis descendre sur la gauche dans l’affluent collectore a valle, c’est une petite rivière souterraine courte et concrétionnée. Monter ensuite sur la gauche vers l’aval sur une vire pour aller au balcone delle galline et admirer la vue avec beaucoup d’éclairage. Redescendre et reprendre le petit passage de rivière il fiume et balader dans la grande salle concrétionnée. N’hésitez pas à ramper entre les blocs d’effondrement, vous y trouverez de nombreux cristaux énormes. Faites un tour au terril très concrétionné et au toboggour. Si vous avez envie de voir ce que vous réserve la suite, vous aurez un aperçu en allant au vas nu pieds. C’est la dernière jolie salle avant le passage de la trémie des siphons.