Le Kazbek est une des plus haute montagne du Caucase, avec 5033 mètres. C’est un des 5000 les plus facile, avec une ascension continue sur de grands glaciers skiables et une sortie au sommet plus raide, quelquefois skiable elle aussi. C’était un de nos gros objectifs du séjour.

On retourne le jour de la randonnée de Truso. La météo annonçait pas mal de neige dans la nuit, une journée moyenne le lendemain puis trois jours de beau où on allait tenter le sommet. Du coup le soir de notre rando, on se retrouve pour manger à notre guest house chez Ketino avec nos collègues skieurs ukrainiens avec l’objectif de picoler avant une journée de repos. On avait pas trop échangé jusqu’à ce soir là avec nos colocataires, mais l’alcool aidant, on a commencé à bien rigoler ensemble. Puis au fur et à mesure de la discussion, Vadim le guide ukrainien nous conseille plutôt de partir direct le lendemain, de monter sous le mauvais temps pour bénéficier d’une plus belle fenêtre météo, quelques plats géorgiens et verres de vin plus tard, nous voilà en train de faire les sacs…

Lendemain, les ukrainiens ont changé de programme et partent avec nous aussi, Vadim gère la navette voiture, le permis d’ascension, le matériel obligatoire, voilà bien des choses qu’on avait pas anticipé!! Merci à lui!! On embarque dans le mitsu delika direction l’église de sainte trinité, emblème religieux au pied du monstre volcanique.
ski touring Kazbek ski touring Kazbek

Les ukrainiens partent devant, nous traînons un peu le temps de finir de se préparer puis on décolle aussi. Après une courte marche, on chausse les skis. La première montée est régulière dans un vallon, la vue est belle que quand on se retourne avec vue sur l’église et les Khuro range, impressionnante parois de 2000 mètres au dessus du village. On les rattrape doucement et on arrive presque ensemble au col qui donne accès à la moraine du Gergeti glacier.

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Nos collègues font une pause en plein vent, nous on décide de ne pas traîner et garder le rythme. On a doublé tout les groupes, maintenant c’est à nous de faire la trace dans une neige fraîche pas très abondante. La station météo Benthlemi semble à coté et pourtant chaque heure passée, on la trouve toujours aussi loin. Le vent monte doucement, la température baisse, on commence à empiler les couches textiles.

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Arrivé sur le glacier, on commence à sentir la fatigue. Déjà 6 heures de montée, les poches à eau sont vides, il fait de plus en plus froid et on commence à sentir les effets de l’altitude. Aucun de nous n’est monté aussi haut à ski, on est déjà à 3500 mètres, on est monté de plus de 1500 mètres. Le dernier coup de cul sous le refuge nous casse les jambes, on arrive, délivrance, on va pouvoir souffler!!

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Enfin ça c’est ce qu’on croyait… Il avait pas pensé à plusieurs paramètres :

  1. Il faut faire fondre la neige pour remplir nos poches à eau
  2. Nos poches à eau regèlent au fur et à mesure
  3. Le butane de la bouteille gèle aussi
  4. Avec toutes nos couches thermiques, on a toujours froid, ce n’est pas suffisant
  5. Juju nous fait un coup de pas bien, vidée par la montée où elle a tout donné, pas moyen de se réchauffer

 

 

ski touring Kazbek

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La soirée sans virer au cauchemar, devient vite compliquée. François et Morgan s’alimentent mais pas Julie qui arrivera juste à boire une soupe et du thé. Je n’arrive pas à me réchauffer et je tremble en permanence, mes pieds sont gelés, mes gants humides  n’ont pas séché, ils ont gelé. L’ambiance dans la cuisine est glaciale, entre -5 et -10, je ne sais pas. Dans la chambre c’est encore plus froid. Je n’ai jamais été confronté à ça.

Le vent est très fortement monté, les rafales font entrer de la neige par le double vitrage en sac plastique du refuge. Une fois tout le monde un peu requinqué et nourri, direction les sacs de couchage avec l’espoir de tenir jusqu’au lendemain…

Une fois dans mon sac de couchage, j’ai pensé très fort à Pierre Allain, inventeur de génie à qui on doit le sac de couchage en duvet. Pour la première fois depuis une douzaine d’heures, je ressens la sensation de chaleur, même récompense pour mes équipiers, on retrouve le sourire.

Dehors le vent souffle fort, le bruit sur les fenêtres nous tiendra éveillé une partie de la nuit. Le jour s’est levé, on a entendu une équipe partir très tôt, les autres sont présentes, la plupart se prépare à descendre. Le vent est toujours aussi fort, envolant nos derniers espoirs de sommet. Vadim avait raison, il fait beau. Mais on comprendra plus tard pourquoi il avait fait demi-tour au col : la météo avait changé, le vent en était la raison.

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On déjeune du mauvais café soluble ignoble mélangé aux nouilles chinoises restant dans le jetboil depuis la veille. ça fait du bien. On papote, on range et on s’équipe. On a une impression de douceur, le thermomètre du refuge affiche -6 dans le couloir… En sortant du refuge, on peine à ouvrir la porte, un d’entre nous se fait coucher par une rafale de vent, pas de regrets, c’est l’enfer, on redescend…

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L’équipe partie tôt a renoncé sur le plateau glaciaire, aucune équipe n’aura réussi le sommet ce jour là. De Stepantsminda, on verra des panaches de neige voler toute la journée, emportés par le vent… On reviendra!!!

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