Quelques jours sont passés depuis la tentative du Kazbek. Le beau temps chaud est revenu à un point que le regel nocturne est inexistant. On a baladé dans le coin, vu des églises, des routes qui font peur, mangé des khachapuris et des khinkalis, fais du ski en station et une rando express au Dedaena.
Mais ce jour là c’est une rando sans aucune infos qu’on a prévu de faire. On a vu un culot d’avalanche monstrueux arriver jusque dans la vallée. ça doit permettre de limiter le portage à la montée et à la descente. Les courbes de niveaux sont régulière pendant 1000 mètres mais en haut le cirque semble cerné par les barres et les corniches géantes. Sur la carte les courbes de niveau de l’autre versant laissent penser à une descente possible, donc dans le pire des cas on peut faire demi-tour, dans le meilleur on fera une belle bambée.
La montée sera dure, longue, on en prendra plein les cuisses avec les peaux trempées, la neige lourde sur les skis et cette montée dans du 25/30° permanent. Seule anecdote à noter, des traces d’ours toutes fraîches… Si on se fait mal, on sait comment on finira en tous cas!!
Arrivé dans le cirque, les corniches sont encore plus grandes et infranchissables, on avance encore et au point le plus bas, la corniche semble attaquable sans trop de risques. C’est partie pour des conversions dans du 40° maintenant!! Fin de la pente aux crampons, attaque d’une tranchée dans la corniche, ça passe!!
Le sommet semble « comme d’habitude dans le Caucase » tout proche mais pas vraiment en fait, une crête inconfortable empêche d’y monter à ski, surtout que la moindre chute serait lourde de conséquences en sautant des barres à tous les coups avec des lames coupantes au passage!! La tension est forte dans le groupe et finit par éclater.
On arrive tant bien que mal au sommet avec la crainte de devoir faire demi-tour dans cet univers de rochers tranchants. Au sommet la tension retombe un poil mais on sait pas encore où descendre et le soulagement est réel quand l’itinéraire imaginé s’avère être une combe magnifique de 700 mètres de dénivelé à 35/40° de pente…
Il ne reste plus qu’à se faire plaisir avec face à nous une vue absolument irréelle. En effet on est face aux deux cratères du volcan Khorisar donc s’est échappé du sommet est une coulée effusive de plusieurs kilomètres de long. Le paysage est hallucinant, imposant.
Arrivée dans le fond de la vallée on butte sur le rempart de la coulée, rempart d’une grosse cinquantaine de mètres de haut quand même!! En poussant sur les bâtons plusieurs fois, on arrive à passer trois petits cols successifs créés par les remparts et à retomber dans la vallée de Truso. Il reste encore 400 mètres de dénivelé dans une neige très ludique, on descend la coulée de lave sur des névés résiduels presque jusqu’à la voiture.
Épuisés mais heureux, on rentrera chez notre hôte pour profiter de la journée de mauvais temps du lendemain pour se reposer de cette belle, longue, superbe et dure journée!!