Gries est surement aujourd’hui le canyon le plus rarement en condition d’europe. C’est d’une part pour ça qu’il est mythique. Mais aussi tout simplement parce qu’il est vraiment beau. monstrueusement beau même si l’on est loin des vasques verte du tessin ou du rocher ocre de la guara ou des jeux du 06. Ici la beauté vient de l’austérité, de l’engagement, du bruit, des embruns glaciaux. Le rocher a encore une fois été torturé, des lits fossiles multiples et complexes, l’encaissement est si profond qu’on se demande bien si on a pas à faire à une traversée spéléo, le rocher ne fait souvent qu’un entre les deux rives. Pourtant la lampe n’est pas obligatoire même si elle est très utile, contrairement à son amont l’inclassable gamchi, on reste dans le domaine du canyon, il est même par sa configuration moins exceptionnel que trummel et pourtant il est comme un aimant à canyoniste. Une fois qu’on l’a vu, ça devient une idée fixe, qu’est ce qu’on ressent là bas au fond où l’on entend que le bruit sans même voir l’eau??
On a eu un coup de bol météo. En passant le mardi, c’était même pas concevable d’y penser, c’était même terrorisant de s’imaginer au relais. En y repassant vendredi soir, l’espoir était là, le débit ayant diminué au moins de moitié qu’en serait il deux jours sans pluies plus tard avec des températures dépassant à peine le zero??
Le « coup de poker » a marché, cinq jours tout juste après l’avoir vu en crue, le checkpoint est bon. Il y a plus qu’à comme on dit.
Première cascade, beaucoup d’eau, rappel sur arbre, on tire la corde, et plus moyen de faire demi tour maintenant. Seconde cascade, un beau saut dans de l’eau bleutée cristalline. Le premier vrai obstacle et le plus redouté des équipes étant déjà passé. Un jet fourni d’une quinzaine de mètre crée un bouillon terrible d’où l’eau s’échappe par un siphon. Je ne sais plus qui y est allé en premier, Jerem je crois bien, ça s’est bien passé, il a nagé sans lutter et s’est relevé tranquillement sur le bloc coincé siphonant. Max le rejoint sans soucis non plus, ils s’encordent pour aller chercher le relais suivant, très loin perché. Le crux de la descente n’aura pas été dur finalement.
Peu après une autre cascade impressionnante nous accueille. Le passage n’est pas dur, mais assez angoissant, la plus grande cascade tombe par de multiples coude dans un encaissement terrible et sombre. La galère aura été au second relais de cette cascade avec la première plaquette manquante. Chacun passera différemment et plus ou moins élégamment et nous voilà dans une cathédrale de roche. un gigantesque creusement souterrain se fermant à plusieurs endroit en des arches colossales, le jour peinant à renter. Pas de difficultés mais un second point manquant qui aura donné l’occasion à Max de jouer du tamponnoir pour poser un nouveau point. On sort de l’encaissement par une belle verticale et on rejoint par un temps mort de quarante cinq secondes la seconde partie.
C’est plus bien dur, et presque ludique, on est tous détendu et plein d’euphorie, on enchaîne vite jusqu’au départ de la partie trois.
La partie trois fait peur mais n’est pas dure nous disait Evan, effectivement il a raison, le rocher splendide, creusé facétieusement laisse toujours un passage à notre équipe entre de volumineuses gerbes d’eau, ambiance garantie. une fois posé au pied du dernier rappel, c’est un enchaînement de sauts avec un sympathique siphon à négocier, on a fini, les sourires sont là, tout le monde est heureux, c’était finalement pas si terrible qu’imaginé.
Par contre je tiens à préciser qu’il ne faut pas s’aventurer avec plus d’eau, les pièges étant vraiment prononcés, ils ne laisseraient que peu de chance à l’improvisation. Le débit d’étiage étant déjà conséquent, il permet néanmoins de gérer ces points clé sans trop de stress.
Alors où se situe griesbach? Pour moi légèrement derrière trummel, plus épuré, derrière gamchi, sa fantastique partie amont, mais bien devant lodrino. La découverte de nouveaux canyons majeurs tous les ans laisse réveur. En suisse toujours, de nouveaux noms ont marqué les ouvreurs, segnes et flems nottament. De nouvelles descentes attendent patiemment qu’une équipe aperçoive les incroyables encaissements. Ceux ci sont souvent invisible et ce n’est que sur place qu’on peut deviner une fissure d’un mètre de large et de dizaines de mètre de profondeur entre les deux rives. Chacun a une liste de « ronds » sur sa carte à aller voir. Il s’agit rarement de bouuseee (à prononcer à l’anglaise) et on peut espérer de prochaines grandes nouveautés entre l’oberland et les grisons. Le plus fort est de voir d’autres équipes prospecter dans des pays comme la Grèce et y trouver là bas aussi de fantastiques joyaux.
Le canyonisme d’aventure dans les plus belles courses a de beaux jours devant lui.
Premier rappel serieux, le siphon à la sortie du bassin qui fait seuil de la cascade suivante.
L’entrée dans les entrailles du monstre
le rappel qui tombe dans la cathédrale.
retour à la lumière
Partie deux
Les sushis
entrée de la partie trois « le chaudron de la sorcière, hexenkessel
itinéraire complexe
le fameux chaudron sur la gauche
le siphon
Puis l’apéro!!
c’est vrai qua ca a une sacré gueule, ca me rend nostalgique de la speleo, au moins on se pelait pas les couilles.
Bah si tu pèle pas, c’est nul. Nous on y va parce que c’est froid. Sinon on serait en espagne tiens.
bravo la narration…et les photos. Merci de nous faire vivre un peu avec vous dans ces endroits magiques. Y aura t il une vidéo ?
[…] Notre périple a Oman continu avec un des incontournables du coin, à savoir le wadi Tiwi. On est encore tout heureux de la traversée 7th hole et on commence à bien comprendre la dimension des montagnes omanaises. Tiwi est un canyon plus proche de la randonnée aquatique que du canyon technique arrosé à la Suisse. […]