Les années se suivent, se ressemblant bien souvent, malgré de petites variations. J’aime organiser un stage canyon après la saison d’été, c’est l’occasion pour refaire de belles manips, découvrir de nouveaux parcours, pour revenir à ma pratique loisir et quitter les obligations professionnelles. Les années passées on est allé en Lombardie ou dans le Tessin par exemple. Mais ensuite je rentre chez moi et attend sagement ma saison d’hiver.
Cette saison deux stages se succédaient, un dans les Dolomites et un en Albanie, J’allais donc rouler à travers les Balkans pour enchaîner les deux stages, mais après? Devais je prendre le ferry pour rentrer ou continuer et vivre plusieurs mois dans mon camion? C’est grâce à mes équipiers que j’ai décidé de partir plus longtemps. François allait partager le début de mon voyage et ma compagne Julie le retour. Morgan nous rejoignant pour la mi chemin. Le même voyage sans amis n’aurait pas la même saveur, on ne pourrait pas partager les émotions.
Il suffit ensuite de prendre une carte et de tracer la route. Sur cette route d’entourer les lieux d’intérêts et d’inscrire des points d’interrogations et se laisser porter.
En logistique c’est finalement pas si compliqué : Le matos canyon et d’escalade, des vêtements, un camping gaz et quelques couverts, un réfrigérateur qui marche pas, une douche solaire sur le toit et un lit douillet et surtout un appareil photo!
Sans compter le bordel pour les stages, cordes, mousquetons, perforateur, ancrages, le matériel pour mes amis albanais, les sacs de canyon et de fringues de mes amis, les tentes supplémentaires, il y a beaucoup moins de place d’un coup!
Je vais faire un petit résumé du voyage étape par étape sur cet article avant de revenir plus en détail sur chaque étape.
Première étape stage perfectionnement dans les Dolomites du Frioul
Départ avec François pour Gemona del Friouli où je retrouve Quentin, Gauthier et Greg mes stagiaires de la semaine. Ils voulaient du perfectionnement? La météo nous a servi avec des pluies fortes journalières! Pas un seul canyon ou une seule cascade n’étaient à prendre à la légère. Du gros débit dans quasiment tous les canyons.
Je regrette qu’on ai pas pu travailler les manips au sec avec du théorique avant d’appliquer en condition, mais par contre l’avantage est que c’était explicite, tout le monde a bien compris l’utilité du débrayable, du nœud en bout de corde ou de la main courante rappelable…
On a parcouru les canyons de Pissanda, Belepeit, Cuestis, Favarinis et Lavarie. Sans oublier le petit Pielungo le samedi avant de basculer en Slovénie.
Seconde étape traversée de la Slovénie au Monténégro
On avait prévu quelques jours de kayak sur la Soca mais ça s’est résumé à une courte matinée. Soca en crue à plus de 100m3 et François qui ne sentait pas le bateau de location dans de telles conditions.
On a visité la grotte touristique de Škocjan puis tracé la route en direction du Monténégro sous une pluie toujours battante.
Arrivé au Monténégro le beau temps est de retour, on a parcouru les canyons de Skurda, Globovuski et Merdureck. Traversée compliqué vers l’Albanie à cause du passeport de mon équipier qui a aussi fait du canyon mais avec moins de réussite.
Stage perfectionnement en Albanie et prospection de nouveaux canyons
Une jolie ouverture le dimanche et je rejoins mes équipiers albanais pour une semaine de stage perfectionnement avec quelques ouvertures au passage. De grands moments passés avec nos amis Albanais : Alma, Blerina, Zamo, Komi, Ali et Luto.
Quelques beaux canyons explorés aussi sur lesquels je reviendrais plus longuement.
A la fin du stage on reste encore quelques jours avec François à explorer le pays jusqu’à l’arrivée de Julie et Morgan par avion à Tirana.
Tourisme et canyon en Grèce avec la team pissaladière
Balade touristique qui commence par les lacs Ohrid et Prespa avant de passer en Grèce au lac de Kastoria puis les monastères de météora.
On fera ensuite les canyons de Rodokalos et Gorgopotamos.
La semaine se finira en mode touriste encore à Athènes. Courte semaine mais intense à souhait!
Canyons au Péloponnèse avec Juju
Prospection des canyons connus du Peloponnèse avec Julie, quelques jours en bivouac loin du monde avec des paysages extraordinaires. On fera Milon, Fonissa, Kalithea et L’amont Agios Louka. On passera pas mal de temps à longer la côte, se baigner ou boire des cafés au bord de la mer.
Région de Ioannina et parc national de Tzoumerka
Changement de secteur avec un gros point d’interrogation que cette région de Ioannina pour nos sports de nature. On a découvert un massif sublime, des gens sympa et une grosse envie d’y retourner. J’ai parcouru le canyon de Gate of Paradise et j’ai bien envie de découvrir les autres canyons locaux, skier les sommets ou descendre le collecteur en kayak. Une région de rêve!
Retour en Albanie, tourisme, canyon et prendre le temps
C’est les quelques jours qui donnent envie de rester plus longtemps encore. juste flâner, balader, rencontrer et quelques canyons quand même. On est arrivé par Permet, visité Gjyrokaster, basculé sur la riviera albanaise avec ses rivages préservés et ceux ravagés par les promoteurs immobiliers. Remontée sur Berat puis Laç, Skodra.
On a revu nos amis Dona et Ben, bien mangé, baladé à Gjipe, constaté que les promoteurs ont attaqué là aussi leur lent travail de destruction des côtes, visité des village du nord avec un accueil aussi troublant que fort. En Albanie les rencontres sont fortes et touchantes.
Monténégro rime encore avec malaise
Difficile d’expliquer cette sensation où l’on sent qu’il vaut mieux prendre la route rapidement. On aura refait Skurda en passant, mais on se sera vite échappé. Agressivité générale ou juste comportement surprenant pour un étranger? On ressent une tension bien palpable.
Il suffit d’aller acheter un produit dans certains magasins pour être interpellé durement ou de se garer voir même simplement passer la douane. On rencontre ce cas plusieurs fois. Heureusement tous les monténégrins ne sont pas comme ça et on a rencontré quelques bergers chaleureux mais ça ne suffit pas pour compenser cette envie de fuir très vite!
La Croatie et le tourisme de masse : donne nous ton pognon et casse toi
Énorme déception que la visite de Dubrovnik ou comment le tourisme a tué la perle de l’adriatique. Je pense revenir longuement sur ce point qui est une des allégories de notre société.
Bosnie-Herzégovine et baffe émotionnelle : devoir de mémoire.
Pas mal d’émotions dans la visite de Mostar et de ses alentours. Ne sommes nous pas en train de faire la même erreur en France avec des tensions communautaires largement nourries par du nationalisme et du radicalisme. Beau pléonasme d’ailleurs.
Comment des gens aussi gentils ont pu en arriver à s’entretuer? Quelle tristesse.
Croatie et tourisme de masse 2 : donner argent, t’as pas bien compris?
On est retourné faire du tourisme classique avec un peu plus de réussite aux lacs de Plitvice mais avec un peu la sensation d’avoir explosé le budget d’un mois en trois jours.
Dolomites et couleurs d’automne, soleil rasant, il est temps de rentrer.
Dernière ligne droite dans ces montagnes aux confins des Alpes et des Alpes dinariques. On a fait un peu de rando/via feratta aux alentours de Cortina d’Ampezzo puis fini notre voyage par un café au lac de Garde. L’italie toujours aussi belle et la vie toujours aussi douce.
Une belle réflexion sur le rapport au sport des italiens avec un élitisme naturel. Rien n’est simple et tout se mérite. Quelle leçon!
Bilan
Et si voyager n’était pas simplement des vacances mais surtout un moyen de grandir, d’apprendre, de découvrir l’autre? Comment devenir meilleur et essayer d’être ce qu’on aimerait voir dans ce monde?
En deux mois, j’ai rencontré beaucoup de personnes, partagé des journées de loisirs, été l’hôte de gens exceptionnels, touché du doigt l’indécence de notre « richesse » et il est dur de reprendre le rythme de tous les jours sans se poser de questions sur le sens de notre vie.
Vivre du tourisme et des loisirs comme moi pose un problème éthique énorme. Comment travailler suffisamment sans détruire le rêve que l’on propose? Comment être attractif avec un accès au milieu naturel sans dénaturer celui ci? Faut il scier la branche sur laquelle on est assis en détruisant l’essence même de notre activité, c’est à dire partager une journée dans la nature avec des amis?
Un tel voyage me conforte dans mes idées de proposer autre chose plus authentique auprès de mes clients, de nouer une vrai relation auprès de mes groupes et si un jour notre activité tombe dans le tourisme de masse, je ne suivrais plus cette voie tout simplement. Je ne pourrais pas cautionner de dénaturer la passion dans laquelle j’ai grandi.