Il y a quelques temps, j’organisait un stage canyon d’une semaine dans les Alpes-Maritimes avec une chouette équipe arrivée de Haute-Savoie. Ce groupe, habitué à pratiquer ensemble avait bénéficié de super conditions et j’avais suivi leurs aventures suivantes dans les Alpes, en Sierra de Guara. Puis on a vécu deux années un peu étranges avec la pandémie et j’ai fini par recroiser ce groupe en canyon. Cette fois l’objectif est simple, ils veulent faire du grand et beau canyon, équiper et mon rôle est de choisir le programme en fonction de la météo, fatigue et de la difficulté. Je coache en restant juste équipier et dans le cas d’équipement complexe nécessitant potentiellement de poser des ancrages, je m’y colle pour fluidifier la sortie.
Premier canyon choisi, L’Orrido de Foresto, rien de bien compliqué mais comme la moitié du groupe est nouvelle, on va juste revoir les bases et vérifier le casting. L’avantage est que les nouveaux sont cordistes donc l’adaptation sera rapide.
Lendemain on part dans L’intégrale de Marderello, approche à pied depuis le bas vu qu’on a pas réussi à caler de navette avec Roméo le navettiste local. Marderello est la plus belle bétonnière d’Europe. Le bassin versant fait plus de 45° de pente, avec des roches détritiques, un micro glacier. Autant dire que la moindre pluie dans ce parcours est fatale et l’équipement posé de manière à anticiper les plus impressionnantes laves torrentielles d’Italie. On fait un beau travail d’équipe avec la gestion des chutes de pierres, des frottements, la recherche des relais cachés et le confortement de certains ancrages. Le groupe me laisse gérer les relais les plus difficiles d’accès. J’ai rarement ressenti une telle fluidité dans un canyon d’ampleur. On prend même le luxe de tomber l’horaire pourtant assez ajusté sans courir du tout, au contraire même.




Une semaine de canyon sans pluie n’est jamais vraiment une semaine de canyon. Le mercredi on ramasse une bonne perturbation. Je choisis le canyon de Ronce, situé au col du Mont Cenis juste au dessus. L’avantage de ce parcours est de ressembler étrangement aux canyons glaciaires des Grisons. C’est étroit, sculpté, avec un bon débit mais on peut se barrer à l’importe quel endroit. On finit par 3°c aux voitures, puis devant le chauffage du bar à côté. Le soir on ne lésinera pas à un bon restaurant à Novalesa.




Le jeudi signe le grand retour du soleil. On part enfin dans Claretto, le gros canyon du coin. On ressent quand même bien la fatigue et on sera bien heureux de se faire prendre en stop par un riverains en 4×4 qui nous pose au départ quelques minutes après. Le canyon semble facile tellement ça tourne bien et le groupe prend de belles initiatives sur les relais complexes. J’ai même pu apprécier un débrayable du bas à sa juste valeur quand la sangle de mon sac s’enroule sur la corde. La dernière grande cascade est toujours aussi classe même avec le captage d’eau juste avant. On prend le temps au soleil couchant, comme une pause dans l’existence à juste s’imprégner des rayons du soleil. Le soir on prendra la route pour Chichin.









Vendredi au réveil la motivation n’est pas gagnée. Il fait gris, 3°c et c’est pas prévu de se lever, les combinaisons n’ont absolument pas séchée et la fatigue bien présente. On roule jusqu’au parking en attendant de voir si les nuages se crèvent mais il n’en sera rien. Le groupe doute, je tranche, le canyon sera encore là l’an prochain et l’important c’est que nous aussi. Il est quelquefois dur de renoncer à un beau parcours loin de chez soi, avec une équipe pas toujours facile à regrouper et encore plus pour moi qui perd une journée de travail mais c’est le meilleur choix. La vie est longue et j’ai toujours réussi à faire les canyons que je rêvait.
Encore merci à mon chouette groupe et j’espère vous revoir prochainement. Au minimum via les réseaux sociaux quand vous poserez vos cordes en Amérique du nord, bonnes aventures !!