Il aura bien fallu que ça arrive. Pourtant j’ai grimpé quelques falaises, descendu encore plus de canyons, rampé en spéléo ou glissé dans des couloirs de montagne. Mais c’est sur un petit toboggan de 2 mètres que je me suis fait mal. J’avais pourtant considéré les risques, j’étais prêt à amortir si il n’y avait pas de fond mais les jambes n’ont pas suivi et je me suis écrasé avec un crac bien reconnaissable au niveau de la cheville gauche. Bilan, fissure non déplacée du pilon antérieur du tibia. 6 semaines de pause.
Au moment où j’écris ça fait quasiment trente jours que c’est arrivé, j’ai plus mal, je recommence à poser le pied et je vais reprendre bientôt ma vie normale avec une assurance un peu moins marquée dans la marche en rivière et dans les sauts amortis. J’ai eu pas mal de temps de libre, j’ai trié quelques photos, fait quelques papiers, j’ai même avancé ma comptabilité d’entreprise, ce qui sera bien agréable au moment de rendre tout ça. J’ai pas mal réfléchi aussi. Au monde, à mon entourage, à moi même.
J’ai beaucoup réfléchi aux relations entre les humains. A mes propres conflits, aux conflits de mes proches et même à ceux dans le monde. Force est de constater que c’est pas le beau fixe et que les tensions sont partout. Pourtant on est à un moment de notre histoire où notre accès à la connaissance et notre qualité de vie n’ont jamais été aussi bon. Il suffit de voyager un peu pour réaliser qu’ailleurs la vie est moins rose et les gens plus heureux. Il me semble bien que les français soient le peuple le plus triste.
On ne changera pas le monde, on aura d’effets que sur ce que l’on entreprend. Certains trient les déchets, d’autres les ramassent, d’autres s’en foutent royalement.
J’ai eu une discussion avec un Albanais à la sortie d’un canyon qu’on venait d’ouvrir. On parlait de nos vies, si proches et pourtant si différentes. Sa positivité remettait déjà en cause ma capacité à me plaindre de ma situation de vie d’occidental. Puis il est passé devant son tekke Bektashi. Il m’a expliqué son culte et malgré le fait que les religions me gênent, je l’ai écouté. Chaque dimanche avant de manger avec leurs familles dans la montagne, ils se retrouvent dans ces petits édifices et se posent la question de ce qu’ils ont fait pour devenir meilleurs dans la semaine : Lire un livre, aider les anciens, dépanner un voisin, apprendre une langue étrangère, aider des canyonistes français perdus dans des potagers… Ils ne font pas ça pour que leur dieu les reconnaissent mais bien par ce qu’on pourrait appeler « amour » au sens large.
Alors où je veux en venir avec tout ce texte? J’ai eu un bon mois allongé sur mon canapé à pouvoir me poser des questions. J’aurais pu m’apitoyer sur mon sort et attendre que le temps passe. Mais très vite j’ai repensé à cette philosophie de vie. Et si je faisais quelque chose de mieux aujourd’hui? J’ai donc ouvert des livres et pris le temps de les étudier. J’ai trié mes photos, j’ai aidé ma copine, j’ai rangé mes papiers, j’ai appelé des amis et surtout j’ai arrêté de focaliser mon attention sur ce qui ne va pas et j’ai décidé d’agir sur ce que je peux. J’ai un problème avec quelqu’un et je lui reproche de ne pas penser comme moi? Et ben je me remet en question et j’essaye d’être irréprochable. C’est pas toujours gagné mais en tous cas je dépense de l’énergie sur la seule chose sur laquelle j’ai du pouvoir : moi même. Et si ça plait aux autres, ils pourront s’en inspirer.
Dans les livres lus, il y a « les mots sont des fenêtres ». Ce livre m’avait été conseillé par des clients en canyon alors que j’était encore stagiaire. Il s’agit de communication non violente. Constater les faits, exprimer ses besoins, écouter avec empathie sont des principes évoqués dans cet ouvrage. C’est pas super évident à comprendre et mettre en oeuvre mais je réalise que ça rejoint assez facilement mon métier. De nombreux exemples cités dans ce livre ressemblent à s’y méprendre à des phrases que j’ai pu dire à des enfants un peu crispés ou à des parents inquiets.
Ce livre explique aussi aisément l’origine des conflits interpersonnels. On exprime assez rapidement des jugements qui braquent très vite les personnes en face de nous. On peut très bien aussi exprimer un même sujet de deux manières différentes et ne pas se comprendre en fin de compte. Et si au lieu de se tendre avec les gens on tentait de les écouter?
Bon et sinon j’ai profité de ce temps libre pour faire un peu de photographie, un petit peu de kayak (et oui dans du facile, on utilise pas son pied!) et quelques balades en voiture. Voici quelques photos de ces derniers temps.
Reprise prévu du canyon professionnel WE prochain, un peu prématurée mais voulue. Reprise du canyon loisir mi-octobre avec escalade et spéléo et bientôt la saison de ski!
Merci pour le partage. Les accidents sont souvent un bon moyen de mettre « pause » sur nos vies trop remplies et a la fois si vide de sens. Merci d’avoir mis des mots sur ce que beaucoup de gens ressentent et ne savent pas toujours exprimer ! J’espere que l’appui va bien mieux et que la reprise s’annonce d’autant plus agréable apres avoir pris conscience de tout cela !
L’amour et l’entraide sont la clé de la Paix du monde !