L’histoire de notre exploration en Albanie a commencé par une suggestion de vacances en camion aménagé. J’avoue ne jamais avoir regardé avant, j’avais focalisé mon attention sur le Monténégro ou la Grèce pour ses canyons, grottes et autres falaises à grimper.

La suite est composée de quelques heures de google-earth afin de regarder à quoi ressemble ce pays qui semble bien plus accueillant qu’imaginé.

Rapidement l’attention se pose sur les montagnes, les falaises et les cours d’eau qui descendent des montagnes à travers les falaises. Je suis pas un canyoniste pour rien… et le constat est évident, il y a quelque chose. Pourtant Caracal avait exploré la zone et n’avait rien trouvé de convainquant. Sa déception avait enlevé toute curiosité aux nombreux autres explorateurs européens, si Caracal n’avait rien trouvé c’est qu’il n’y avait rien. Et si Steph s’était trompé?

Bref au plus je cherchais au plus je trouvais de photos, vue aérienne confortant une idée d’exploration prochaine.  Puis je suis tombé sur la rivière Corovoda et son encaissement. Là c’était juste évident : il y avait un canyon énorme. Sur les photos de voyageurs on devinait sans problème un encaissement d’au moins deux cents mètres de profondeur. On était loin du compte… C’était un des objectifs du séjour.

En arrivant à la ville de Corovode, on a tous un torticoli en voyant l’encaissement, énorme, imposant et évident. On va voir de plus près et on hallucine. C’est du très lourd. Peut être 500 mètres de falaises voir plus, en bas on ne voit rien mais on entend le bruit de l’eau, ça semble vraiment très fermé voir sombre.

Quelques jours après on attaque ce canyon de près de 6 kilomètres pour 500 mètres de dénivelé, enserré entre deux parois de 500 mètres, aucune échappatoire et toujours cette partie tellement encaissé qu’on se demande bien si ça passe…

Première partie : de la marche en rivière.

Je repense longuement au topo T2 des Balkans avec la notion de « gorge encaissée sans le moindre obstacle ». Le cadre est grandiose avec des parois gigantesques, des grottes aussi imposantes, une belle eau claire. L’ambiance devient plus intense en croisant des traces d’ours fraîches. On est vraiment en train de vivre une aventure. Même si il ne se passe pas grand chose et qu’on marche dans un interminable champ de rochers.

gradeci canyon gradeci canyon

gradeci canyon

Morgan râle un peu, il faut dire qu’il s’est pris un pavé sur la cuisse la veille, que l’hématome le lance et qu’on marche plutôt très vite. On fait donc une pause GPS, barres de céréales et bouteille d’eau histoire de détendre un peu tout ça. ça fait une heure et demi qu’on marche on a déjà parcouru la moitié de la distance mais perdu tout juste 100 mètres de dénivelé.

La bonne nouvelle c’est qu’il ne reste plus que trois kilomètres pour 400 mètres de dénivelé, statistiquement ça peut nous donner quelques cascades.

Seconde partie : le chaos de blocs

Quelques dizaines de mètres après la pause commencent des choses sérieuses. On retrouve une configuration bien connue, celle du Riolan et ses passages sous blocs. C’est d’ailleurs au moins aussi beau. On a rattrapé l’eau laiteuse de l’orage de la veille et on ralentit fortement vu qu’on ne peut plus sauter « à vue » et qu’on sonde minutieusement. Les cascades sont maintenant obligatoires mais grâce aux sondeurs, on ne pose aucun points et sautant quelques beaux obstacles.

gradeci canyon

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Le chaos alterne entre très gros blocs avec un beau creusement au dessous et des blocs plus petits où le cheminement se fait par des passages bas et autres chatières très spéléo. C’est amusant un moment mais au bout d’une grosse heure, la lassitude pointe et on espère que le paysage va changer à moment donné.

troisième partie : l’oscuros

C’est au moment où la lassitude pointe qu’une désescalade plus haute descend vraiment bas entre les blocs et tombe dans une faille sombre.

gradeci canyon gradeci canyon

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Oui!!! superbe, ce passage vaut déjà le déplacement et on est tout content d’avoir trouvé ça. On ne s’attendait pas à ce que ça dure près de deux heures sans voir le ciel!!

gradeci canyon

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Au plus on avance au plus la faille devient profonde. Le chaos de bloc est toujours là, à trente mètres au dessus de nos têtes. On alterne entre passage sombre et passages obscurs à la frontale, c’est l’orgasme! Au détour d’un virage une cascade d’une dizaine de mètres, on coince une corde dans une faille pour équiper et on s’enfonce sous terre. Autre cascade, on va sonder avec la corde et Sylvain saute dans l’obscurité. Dément!!

On descend de plus en plus, l’ambiance est folle, on est en train de réaliser la grandeur de cette découverte. Autre cascade d’une quinzaine de mètres, on cherche un amarrage naturel et on tombe sur un goujon!! Damned on est pas les premiers, quelqu’un est passé avant nous!!

gradeci canyon gradeci canyon

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gradeci canyon

Malgré la déception de savoir que l’aventure n’est plus complète, on reste un peu en extase devant cet obscur qui n’en fini pas. On a déjà multiplié X 100 la longueur de l’oscuros de Male Vesse, mis cul à cul les oscuros de Gries, Gamchi et Trummel et il ne reste que l’oscuros d’Avello et Sa fosca devant nous. Et ça continue, continue…

Puis ça s’ouvre un peu, devenant juste un encaissement fort et majeur comme l’infernet en isère , mais anecdotique par rapport à la faille incroyable juste avant. Puis ça commence à pas mal nager et au détour d’un virage on voir les bunkers de Pirogoshi, c’est la fin!!

gradeci canyon

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gradeci canyon

Alors Gradeci, Corovoda, Pirogoshi (qui sont les différents noms du canyon) ça vaut quoi?

Un grand canyon européen c’est indéniable. Un cran technique en dessous les monstres suisses qui ont la technicité en plus. Un cran esthétique en dessous Sa Fosca qui reste un des plus incroyable d’Europe. A égalité avec Avello pour moi. Plus technique et vertical mais avec un creusement plus fracturé et moins lissé. Avis aux répétiteurs

  • Cotation esthétique : 3.8/4

 

  • Cotation difficulté : 3/3/VI

 

 

  • Approche 30 minutes

 

 

  • Navette 30 km

 

 

  • Retour : 15 minutes

 

 

  • Cascade max : 15 mètres

 

 

  • Equipement : Terrain d’aventure intégral, un ancrage métallique pour 15 cascades environ.

 

 

  • Prise d’eau en amont, débit restituable fort. Prendre contact avec l’usine à la sortie du canyon pour connaître les règles de turbinage.

 

 

google earth plan d'ensemble osumi

gradeci and tributaries google earth gradeci

Une réponse "

  1. […] de boardercross, la descente du Trummelbach, mon premier vrai couloir à ski, ma première belle ouverture en Albanie. Puis viens l’instant où l’action se fait, ce cours instant  où le temps est […]

  2. […] la baffe monumentale d’il y a deux ans, je m’étais promis de retourner voir le Gradeci afin d’être sur qu’on avait pas […]

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