Il y a quelques années je tentais l’aventure professionnelle en quittant le milieu amateur du canyon. L’aventure a été riche et m’a apporté beaucoup d’enseignements. Il est facile après quelques années de faire une autocritique de son parcours avec quelques erreurs et pas mal de fierté aussi. J’en ai acquis une certaine expérience et suis devenu bizarrement plus modéré dans chaque action.

Le monde change très vite et mon changement de vie me permet de le regarder la vie avec un peu de recul. J’alterne les périodes de travail intense avec des périodes de repos bienvenues pour souffler mais aussi observer le monde tourner.

Je me souviens il y a quelques années, quand j’avais un travail salarié, j’avais moins de temps libre et je cherchais à le remplir à fond. Mes vacances étaient chronométrées avec activités le matin, l’après-midi voir le soir, nuits à l’arrache et rebelote chaque jour passé. J’avais le sentiment d’avancer plus vite que beaucoup d’autres vacanciers et j’étais satisfait de profiter plus de mon temps libre que la plupart des gens.

Quand j’ai commencé à travailler en canyon, j’ai continué mais avec encore plus de temps libre, je faisais encore plus de choses. Enfin je croyais…

Parthénon

En balade au Parthénon d’Athène. Des files d’attente, des travaux, le stress des bus de touristes pour pas voir grand chose

La réalité c’est que je passais énormément de temps en voiture pour aller d’un site à un autre, à prendre des buts, à chercher un bivouac, à courir dans tout les sens et à passer à côté de plusieurs bons côtés de la vie. Même si j’étais content de mes vacances, j’étais frustré de ne pas avoir fait tout ce que je voulais.

Aujourd’hui, j’ai ralenti le rythme, mon emploi du temps est moins chargé, je me laisse plus porter qu’avant. Dans ma manière de voir les vacances sportives, je ne fais plus de to do list mais une bucket list et ça change tout. La to do list demande d’être réalisée pour être réussi, la bucket list est une liste d’idées dans lesquelles je pioche en me laissant porter. Si on fait tant mieux, si on fait pas tant pis.

L’avantage est aussi de saisir les bonnes occasions, de faire moins de kilomètres, se donner la chance de rencontrer des gens. Les spécialistes du tourisme ont donné un nom à tout ça le slow tourisme. J’ai découvert ce terme là en Albanie en allant dans des établissements qui pratique la slow food. là bas pas question d’avoir un serveur guindé qui expédie les commandes, mais plutôt tranquille, vous forçant à ralentir le rythme. J’ai adoré.

Monastery de Kipina

Conseillé par notre hôte, visite improvisée d’un monastère où on nous a laissé les clés, seuls et libres de visiter à notre rythme

Mais du coup si je perds du temps au restaurant, je fais moins de choses? Et ben non en fait! Mon bilan après quelques années dans cet état d’esprit c’est que j’ai jamais fait autant de sport, tourisme, restau et sieste que depuis que je vois les choses comme ça. Je m’impose une fiche de route légère pour les hébergements et sur place, je prends le temps de dénicher mes bons plans. Économiquement j’y gagne aussi et écologiquement je me sens mieux en brûlant moins de carburant. Il est possible que bientôt on aille sur certains sites en transport en commun, ça ouvre d’autres perspectives en obligeant à prendre le temps et finalement à chercher moins loin. Le temps perdu d’un côté est gagné de l’autre en faisant un voyage dans le voyage.

Saint Paul sur Ubaye, France

En quittant la route des grandes alpes, on découvre de petites sculptures de bois animées par l’eau

Malheureusement cette prise de conscience en amène une autre, la tendance du tourisme actuel.

Quand j’ai commencé mon métier dans le canyonisme, mes réservations étaient faciles. Un groupe de demandait une demi-journée, je lui proposais des dates. Un second groupe me demandait et je lui proposais des dates en essayant de compléter mon premier groupe et ainsi de suite. Les vacanciers me demandaient un canyon et je leur proposais un parcours qui me faisais envie. Ce mode de fonctionnement me permettais de sortir des sentiers battus avec des groupes de taille idéale, tous le monde y gagnait.

Maintenant ça a pas mal changé. nombreux sont ceux qui demande un créneau pour une journée et un canyon bien spécifique. Le groupe suivant une autre journée et un autre canyon bien spécifique et ainsi de suite. Si je propose de moduler d’une journée ou d’aller sur le parcours d’à côté, le groupe va réfléchir, c’est à dire appeler tous les autres pros afin de trouver celui qui va coller à l’inflexible attente quitte à le faire dans des situations peu confortables (météo, surfréquentation, kilomètres).

J’ai cherché à comprendre un peu et j’ai très vite compris que les vacanciers fonctionnent comme moi il y a dix ans quand j’avais ma to do list à remplir. Il faut avoir fait le canyon de Riolan, sauté à la mer, de l’accro-branche, une balade aux îles de Lérins, passé une soirée à la Siesta, mangé de la Socca dans le vieux Nice, baigné à la clue de Cerise, bu des cocktails à Juan les Pins, fais de la randonnée au Boréon pour avoir des vacances réussies. Il faut remplir la liste à tout prix sans variable d’ajustement, tout est chronométré, les trajets y compris, enlevant même la possibilité de manger un bout dans un restau imprévu ou de découvrir un spot de balade surprenant. Les vacances réussies le sont à la similitude des photos stars d’instagram et du nombre de like de l’album facebook. Si tu n’as pas la même photos et plus de 100 like, les vacances sont loupées.

J’ai la chance d’avoir beaucoup de mes clients qui reviennent chaque année pour les valeurs que j’essaie d’appliquer dans mon métier : Prendre plus le temps, sortir des sentiers battus, discuter et apprendre à se connaître, apprendre les uns des autres. J’espère pouvoir prendre encore plus le temps à l’avenir. Mais j’ai de plus en plus de groupes au téléphone où je me sens frustré de les voir courir en étant inaudible.

Heureusement ce n’est pas une généralité et la tendance ira vers du tourisme plus lent à terme mais d’ici combien de temps? le temps passe trop vite et combien de temps les gens vont perdre du temps à courir au lieu de prendre leur temps? Prendre le temps de ne plus en perdre?

 

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  1. bonjour Guillaume,

    ça fait déjà 1 un que nous avons faits quelques canyons avec toi. et cela était formidable. les canyons n’étaient pas fixé et tu as fait le choix en tenant compte avec le temps/débit/… . donc comme il faut.

    j’ai aimé énormément ton article et ta manière d’être dans la vie : continuez !!

    j’aime aussi voyager plus lentement avec moins des choses qu’on DOIT faire. j’aime plus la voyage que la destination.

    à la prochiane. l’année prochaine je vais planifier un retour vers les alpes maritimes et je vais te contacter bien sur!

    Tom et Ingrid les flamands de Belgique

    Van: « Canyons d’ici et d’ailleurs » Aan: « tom » Verzonden: Woensdag 11 september 2019 11:02:01 Onderwerp: [New post] Soyez flexibles!!

    WordPress.com guigui posted: « Il y a quelques années je tentais l’aventure professionnelle en quittant le milieu amateur du canyon. L’aventure a été riche mais m’a apporté beaucoup d’enseignements. Il est facile après quelques années de faire une autocritique de son parcours avec quel »

  2. Mélina dit :

    J’aime me promener sur votre blog. un bel univers agréable. Blog intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog récent. A bientôt.

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