Après la saison de canyon, j’aime bien changer d’activité et j’ai été récemment diplômé en kayak, j’ai encore pleins de choses à découvrir sur ce support donc l’idée était d’en faire. En revenant d’une balade autour de la presqu’île de Giens, je me suis posé pas mal de question sur nos modes de déplacement vis à vis des activités qu’on pratique. Déplacement plus ou moins corrélé de notre impact sur l’environnement. Et surtout je me suis dit que la côté varoise est quand même très belle et méritait une visite plus approfondie que par la route

Cap était pris sur une traversée de l’Esterel de Mandelieu à Fréjus avec l’envie de combiner ça à un bivouac furtif en bord de plage. On embarque le long de la Siagne avec les kayaks bien chargés. On a eu la chance de trouver deux kayaks de mer en fibre en bon état l’an dernier malgré leur âge. L’atout du kayak en fibre est sa rigidité qui lui donne beaucoup de ressenti mais aussi son agencement avec des caissons étanches multiples permettant de charger le matériel pour dormir, se nourrir et s’amuser pour plusieurs jours. En kayak de mer on ne porte pas le poids, c’est l’eau qui porte.

L’objectif est de suivre la côte tantôt de près pour profiter des arches rocheuses, grottes marines, passer en rase-cailloux, tantôt de loin au large avec du recul sur le paysage à sentir la légère houle et se laisser glisser à chaque redescente de vague. Chaque décision se prend à l’instant en fonction de l’environnement et de l’envie. Le rythme se fait au grès de la motivation à se baigner ou à pagayer, à moins que ce soit pour faire la sieste.

pointe de l'aiguille arche de l'esquillon Vers Miramar

On passe donc du port de Mandelieu directement à la pointe de l’Aiguille et son arche rocheuse. On rase les cailloux à la pointe de l’Esquillon. On constate la côte gangrénée par des villas si luxueuses qu’on se demande qu’elles sont les vies des gens qui les possèdent et les laissent fermées, gardées par des caméras. On traverse la baie de Miramar et on découvre une belle grotte marine où la frontale sera nécessaire. On longe chaque crique jusqu’au cap Roux où la pause se transforme vite en pose du bivouac pour le soir. Bivouac assorti de snorkeling à la nuit tombante, de bière et de contemplation du ciel rougeoyant.

grotte marine trayas bivouac au cap roux

Pour ce bivouac, le choix était de partir léger. Un duvet, un matelas et c’est tout. Je rajouterait avant de partir une bâche thermique pour s’isoler du sol et un tarp pour l’humidité. un gaz pour la cuisine et la sensation de n’avoir rien à gérer vu qu’on a enlevé la plupart des soucis. La réflexion se porte vite sur ces gens riches avec des villas couvertes de caméras et nous avec la même vue sur l’horizon et le choix de dormir où on veut quand on veut. On fera le parallèle aussi avec tout les camions aménagés garés en bord de route à la merci du carnet à souche de premier policier zélé et au doux bruit des motos nocturnes quand nous, le seul dérangement sera celui des vagues. Seul écueil à cette douce nuit, une nuée de moustiques nous réveille au beau matin, nous imposant de plier plus vite que prévu notre pause dans l’existence. Et si avoir le moins de choses rapprochait au plus de la liberté?

bivouac au cap roux

Second jour on reprend la balade, un peu plus au large que la veille jusqu’à la calanque Saint Barthélemy où on trouvera un tunnel souterrain où passer en kayak. On fera le tour de l’île aux vieilles par des passes au raz de l’eau, on boira le café dans la baie d’Agay. Julie commence à fatiguer quand moi je commence à vraiment me sentir bien avec la sensation de reprendre la main sur le temps. De l’île d’Or, on prendra le large jusqu’à la plage d’Arène grosse où on cabotera de nouveau jusqu’aux îles du Lion de terre et de mer. A la vue de la côte de Saint Raphael, on prendra le large au plus court, profitant d’un léger vent de mer pour nous ramener à l’ancien aéroport, fin de notre petit périple marin de presque 37km.

plage d'agay

L’aventure n’est pas finie. On doit encore récupérer la voiture, revenir chercher les kayaks et rentrer à la maison. On choisira le train pour revenir, transport presqu’idéal si on avait pas eu de voisins aussi bruyants et si il n’était pas aussi souvent en grève. La suite en voiture sera longue, très longue et fait réellement réfléchir au bien fondée d’une aventure aussi courte. Et si passer plus de temps sur l’eau pour avoir encore plus le temps d’échapper aux trajets n’était pas la solution?

Laisser un commentaire